Dans le but de réduire le coût des médicaments pour les Canadiens et d’améliorer la couverture partout au pays, le ministre des Finances, Bill Morneau, a annoncé lors de la présentation du budget fédéral la mise sur pied de l’Agence canadienne des médicaments. Il s’agirait de la première étape dans la création d’un régime national d’assurance médicaments.
Une enveloppe de 35 millions de dollars sur quatre ans sera d’abord octroyée à compter de 2019-2020 à Santé Canada afin de créer un bureau de transition vers l’Agence canadienne des médicaments.
Le gouvernement libéral s’inspire ainsi du rapport du Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance médicaments déposé l’automne dernier. Le directeur du Conseil, Eric Hoskins, avait alors déclaré que le système actuel était inadéquat et que le Canada devrait créer une agence pancanadienne pour réduire le fardeau du coût des médicaments qui pèse sur les Canadiens. Le rapport final de ce comité sera dévoilé au printemps.
« On ne peut pas y arriver en une nuit. Mais nous savons que nous devons faire mieux », a dit le ministre Morneau en conférence de presse.
« Économies d’échelle »
La nouvelle Agence canadienne des médicaments donnerait à Ottawa le pouvoir de mieux négocier pour l’ensemble du pays le prix des médicaments sur ordonnance. Le gouvernement espère ainsi faire économiser aux Canadiens jusqu’à 3 milliards de dollars par année.
Les Canadiens paient trop pour leurs médicaments
- Les dépenses en médicaments sur ordonnance au Canada sont passées de 2,6 milliards de dollars en 1985 à 33,7 milliards en 2018.
- Les Canadiens paient en moyenne 20 % de plus pour leurs médicaments que dans plusieurs pays développés.
- Il existe plus de 100 programmes publics et 100 000 régimes d’assurance privés pour la couverture des médicaments au Canada.
Afin de mieux évaluer l’efficacité des médicaments selon les données probantes, Ottawa instaurera un formulaire national. Cette liste exhaustive des médicaments sur ordonnance pourrait ensuite constituer la base d’un formulaire national futur.
« Pour la première fois, l’évaluation des médicaments et la négociation des prix pourraient être effectuées par une entité unique », affirme Ottawa.
Maladies rares
De plus, le gouvernement prévoit aider les Canadiens qui ont besoin de traitements coûteux pour les maladies rares. Toutefois, le financement pour cette mesure ne sera pas mis en place avant 2022-2023 (500 millions de dollars). Par la suite, jusqu’à 500 millions de dollars seront budgétés par année.
Le nombre de médicaments dont le coût annuel est de plus de 10 000 $ a plus que triplé de 2006 à 2017. Ces médicaments représentent maintenant plus de 40 % des ventes des médicaments brevetés, comparativement à 7,6 % en 2006.
Si le gouvernement considère que cette annonce « préparerait le terrain pour un régime d’assurance médicaments national », Ottawa devra d’abord négocier les modalités avec les provinces et territoires, notamment avec le Québec, qui a son propre régime. Cette agence s’inspirera des « réussites des provinces et territoires », assure Ottawa.
Ce que nous disons aux provinces, c’est que nous prendrons en charge ce grand défi considérable.
Crise des opioïdes, stratégie sur la démence et autres mesures en santé
Par ailleurs, le gouvernement annonce 50 millions de dollars sur cinq ans pour mettre en œuvre la première stratégie nationale sur la démence. Les détails de cette stratégie qui pourrait venir en aide aux quelque 400 000 Canadiens atteints de démence seront annoncés au printemps.
Depuis 2017, le gouvernement a octroyé 350 millions de dollars pour lutter contre la crise des opioïdes et 150 millions aux provinces et territoires. Aujourd’hui, le gouvernement accorde 30,5 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans, à compter de 2019-2020, et 1 million par année par la suite. Cet argent sera notamment utilisé pour étendre l’accès à la naloxone et à un approvisionnement sécuritaire d’opioïdes sur ordonnance.
Le gouvernement étudiera également la possibilité d’inclure les traitements liés à la fertilité dans le crédit d’impôt pour frais médicaux.
Afin de réduire l’insécurité alimentaire des Canadiens, une politique alimentaire pour le Canada sera mise sur pied, avec un budget de 134 millions de dollars sur cinq ans. On misera sur l’accès aux aliments sains (particulièrement pour les familles à faible revenu et les communautés autochtones et du Nord) de même que sur la réduction du gaspillage alimentaire.
Enfin, le budget prévoit 25 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2019-2020, et 5 millions par année par la suite pour mettre en place un service pancanadien de prévention du suicide. Le gouvernement souhaiterait offrir un service de soutien bilingue (téléphone, clavardage ou texto) aux Canadiens qui en ont besoin.
Source: Radio-Canada